Finance Durable – Novembre 2025 : Défense, coalitions climatiques, reporting durable et nouvelles publications

Finance Durable – Novembre 2025

Décryptage des tendances clés en investissement responsable, reporting durable et réglementations européennes.

Chaque trimestre, nos experts analysent les évolutions qui façonnent la finance durable. Cette édition automnale met en lumière la place croissante du secteur de la défense dans les stratégies ISR, les changements récents au sein des coalitions climatiques internationales, les débats réglementaires autour du reporting durable en Europe, ainsi que nos dernières publications en matière de R&D et de sustainability.

Secteur de la défense et politiques d’investissement ISR

Le contexte géopolitique en Europe a réouvert le débat sur le financement des entreprises de défense au sein des stratégies ISR. La Commission européenne et l’ESMA ont clarifié que certaines activités de défense peuvent être intégrées dans les fonds durables, sous conditions strictes.

Selon les données Morningstar Sustainalytics, l’exposition des fonds actions ESG européens au secteur de l’aérospatial et de la défense a été multipliée par 2,7 depuis 2022. Aujourd’hui, 43 % des fonds actions ESG (principalement article 8) détiennent des valeurs du secteur.

Toutefois, les gestionnaires restent divisés :

  • absence de définition harmonisée des entreprises de défense,
  • enjeux des technologies à double usage,
  • seuils d’exposition acceptables,
  • articulation avec le principe DNSH,
  • besoin de données plus transparentes de la part des émetteurs.

Les politiques d’exclusion ISR montrent également une forte hétérogénéité parmi les principaux gestionnaires français : seuils variables, définitions différentes des armes controversées ou conventionnelles, approche différenciée entre fonds article 8 et 9…

Actualité des coalitions climatiques internationales

La NZBA (banques) et la NZAM (gestionnaires d’actifs) ont mis fin cette année à leur fonctionnement en tant que coalitions avec adhésion formelle. Sous pression politique, notamment aux États-Unis, elles évoluent désormais vers un statut de framework non contraignant.

Malgré cette transformation, les institutions financières européennes restent fortement encadrées par la réglementation (CSRD, ESRS E1, Taxonomie, CRD6, stress tests BCE).
Les obligations de transparence, la gouvernance climat et le suivi des trajectoires des portefeuilles demeurent donc structurants — que les coalitions persistent ou non.

Évolutions des obligations de reporting durable

Révision du règlement SFDR

La nouvelle version du SFDR vise à simplifier le cadre existant et à améliorer la comparabilité des produits ESG. Les principaux changements annoncés sont :

  • création de trois catégories de produits : transition (7), intégration ESG (8) et objectif durable (9) ;
  • exigence d’un seuil de 70 % d’investissements alignés avec l’objectif du produit ;
  • allègement de certaines obligations au niveau entité ;
  • renforcement de la transparence sur les données ESG utilisées.

Une période d’adaptation de 12 mois est prévue après la publication officielle.

Rejet du paquet Omnibus Durabilité

Le Parlement européen a rejeté la première version du texte visant à simplifier la CSRD. Les propositions rejetées incluaient :

  • un rehaussement des seuils d’application,
  • un report des obligations pour certaines entreprises,
  • un allègement des exigences d’audit.

De nouvelles négociations sont en cours.

Impact pour les TPE/PME

Même si le périmètre réglementaire pourrait être réduit, les entreprises resteront fortement sollicitées :

  • les banques demanderont des données ESG pour répondre à leurs propres obligations,
  • les grands donneurs d’ordre exigeront toujours des engagements de durabilité de leurs fournisseurs.

Impact pour la gestion d’actifs

Les modifications envisagées dans Omnibus auraient réduit la granularité des données Taxonomie, limitant l’utilisation des ratios taxonomiques comme indicateurs de performance durable dans les portefeuilles.

Autres actualités réglementaires majeures

Recommandations de l’IOSCO sur les indices ESG

  • L’IOSCO appelle à renforcer :
  • la qualité des données ESG utilisées dans les benchmarks,
  • la transparence des méthodologies,
  • les contrôles internes liés aux fournisseurs de données externes,
  • les politiques en cas d’arrêt de publication d’un indice.

Report d’un an du règlement européen sur la déforestation (EUDR)

L’application est repoussée à fin 2026.
Les entreprises concernées devront garantir la traçabilité complète de leurs produits, avec un risque de sanction allant jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires.
Cela retarde l’évaluation des mesures concrètes mises en place par les entreprises des secteurs agroalimentaire, luxe, automobile ou consommation.

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